Pour moi, la peinture est un langage plus direct que la parole ou l’écriture, un moyen de transmettre une émotion presque dans l’instant où elle est ressentie, avant la démarche de traduction et d’analyse, donc d’interprétation. C’est un équilibre immédiat et précaire... Papiers, encres, pinceaux et plumes diverses doivent être à portée de main, une demi seconde de recherche ferait perdre le fil de la pensée qui court...
Le premier jet qui voudrait se défaire de l’intention apporte son lot d’imprévu. Le trait, la tache, la couleur, la matière avec leur complément, le vide, apparaissent sur la surface vierge et me conduisent à tout remettre en question et à prendre la décision d’arrêter avant de superposer une seconde œuvre à la première. Savoir arrêter avant la première hésitation, avant d’enterrer ou de surcharger le spontané et l’inconscient, fuir le laborieux savoir faire de l’habileté et la virtuosité du trompe l’œil.
Chercher comme en musique des rythmes, des couleurs, des contrastes, des silences et des fracas sans pour autant imiter ou copier les bruits de la nature.